jeudi 24 septembre 2009

Extrait

110 personnes sont venues voir ce blog. J'aurais aimé pouvoir offrir du champagne à ces visiteurs, fussent-ils narquois ou méprisants pour ce site.

Alors, je donne un extrait de livre. Lequel ? Bienvenue à Sarkoland. c'est un livre inconnu de tous, y compris de mes propres amis, de ma famille.

Je rappelle qu'il est disponible sur Le Manuscrit.com (et les habituelles librairies en ligne telles Alapage ou Amazon).

"... En tout cas, Zébulon ne s’assoit pas à la table ovale, mais invite l’équipe à s’installer tout autour. De toute évidence, il veut garder l’avantage de la grandeur, de la taille dominante, et seul ce subterfuge peut permettre d’atteindre cet objectif difficile. Ainsi, en compagnie des chefs d’états du monde entier qui mesurent dans les deux mètres, il paraît aussi grand qu’eux, parfois plus grand qu’eux, photos truquées ou pas. Monsieur G n’arrête pas de parler, de vanter son équipe, les résultats obtenus, les stratégies suivies, les idées accouchées, les préceptes du monde nouveau respectés. La conversation, un monologue dont les différents accents font croire à plusieurs voix entremêlées, bat son plein mais Alex s’agace des insupportables « je » qui l’émaillent, comme si la première forme du singulier, autrefois bannie du discours public car trop révélatrice de pitoyable vanité, était devenue la seule forme d’expression possible. Et le « nous « ? Le « nous » est devenu très vilain, selon les communicants et communicateurs, ces fameux professionnels dont les idées saugrenues et les préceptes loufoques alourdissent, polluent, défigurent le nouveau siècle. Dehors, le jour vient en marge. Toute l’équipe pétrifiée d’émotion regarde, écoute, dévore le Zébulon. Soudain, le GP se rehausse sur les talons, pose la main sur le bureau, se penche à moitié, dodeline de la tête, et marmonne :
- Je vais vous faire une confidence…
La confidence, très intime et très personnelle, est qu’il n’aime pas les assassins et les voleurs, les violeurs et les resquilleurs. Jeff applaudit, Tony opine du chef, Dan lève les bras au ciel comme pour un but en lucarne, le soir de la finale. Ambre se penche vers Alex :
- Tu vois, c’est formidable !
- Pourquoi ? Quelqu’un aime les assassins ?
- La gauche, elle aime les assassins…
Le coup de la confidence marmonnée se répète dix ou quinze fois, à tous les propos. Chaque fois, les jeunes gens s’extasient. Chaque fois, il s’agit d’enfoncer des portes ouvertes, de débiter d’orgueilleuses sottises sous prétexte de bon sens populaire. Alex en a les jambes sciées, déjà que le talon rougissait sous la douleur, et il glisse dans sa chaise. Peu importe que l’on écoute le GP assis, couché ou debout pourvu qu’on l’écoute et qu’on paraisse plus petit que lui. C’est une réunion informelle. Tony filme ce moment d’histoire avec son téléphone miniature qui possède toutes les fonctions modernes. La bande vidéo sera inévitablement diffusée sur Internet. Monsieur G attendait surtout que l’on aborde un certain sujet et le GP, à qui rien n’échappe, ne manque pas de venir sur ce terrain.
- Quant au nouveau nom, pour le pays, je vais vous faire une confidence…
Tout le monde ou presque, sauf Alex, retient sa respiration.
- Nous ferons un « Grenelle » du nouveau nom…"