vendredi 2 septembre 2011

Extrait : Le voyageur, épisode 2, la rivière des morts



Expulsion



Voilà ; je n'ai plus rien à dire ni rien à déclarer. Je voyage maintenant les deux mains dans les poches, avec un tout petit bagage, pas encombrant. Ou plutôt, je ne voyage plus.


Henri Calet


Le tout sur le tout


Le juge de Bobohokeur grimpe sur son piédestal dès l'aurore. Pourtant, la coulée orangée sur le décor n'incite pas à évoquer la mort. Néanmoins, nul doute que nous sommes dans le collimateur, ici à Bobohokeur. On nous extirpe de la geôle, sans politesse. On nous presse. On nous pousse vers le tribunal situé de l'autre côté de la rue. Gustave voudrait un bon breakfast, et je l'approuve. Ce sera pour plus tard. Breakfast à Bobohokeur, ce serait bien, limpide, charmant comme d'aller voir la mer un dimanche matin. Mais la mer est loin d'ici, de cet endroit terrible qui ne connaît jamais la pluie. Le juge a mis une perruque blanche, façon ancienne colonie impériale. Je me dis : emmenés derrière la palissade, douze balles... Qui protestera ? Les deux flics nous regardent méchamment. Ils espèrent que le juge dira : emmenez-les derrière la palissade...


1 commentaire:

Eric Lebreton a dit…

Bel extrait... Vite, la suite !