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Je n'aurai pour tout dire
Ecrit sur mon chemin
Que mon incertitude
la buée qui recouvrait la vitre
Et peut-être la vitre
Mais jamais la fenêtre
Et jamais le chemin
Paul Vincensini
Pour tout dire
Tout de suite, je remarque tous les arbres rouges caché derrière le premier baobab. Nul doute que nous venons de pénétrer en République Terra Sanguina.
- Patron, en est-on si sûr ?
- Les arbres ont des reflets rouges, et des feuilles de larmes sèches. C'est caractéristique. Tu peux me croire.
Le vrai voyageur doit intégrer la botanique et la géologie dans sa réflexion générale, combien même il a été et reste le plus nul des scientifiques. Le minimum est de noter la couleur des choses afin de savoir sans quel pays nous sommes. Nous parlons beaucoup, ce qui nous permet d'oublier à quel point nous avons maintenant faim et soif. De fait, la savane s'éclipse définitivement ; le petit chemin se rétrécit. La végétation tropicale nous enserre à chaque mètre parcouru, à chaque pas un peu plus. Et la gorge nous serre, entre la peur et l'excitation, car ce pays est en guerre.
- En guerre contre qui ? Nous ne sommes pas concernés !
- En guerre contre lui-même et, dans ce cas, nous sommes tous concernés.
Je ne crois pas si bien dire. Ici, la guerre civile perdure depuis des décennies, depuis que les anciens colons ont fui en laissant tout pourrir. Et ça ne s'arrange pas.
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