mardi 20 décembre 2011

Amis, frères et soeurs, mes camarades : un nouvel extrait du Voyageur 2 (La rivière des morts). c'est mon cadeau de Noël, mon bisou incandescent.



Voyage 3



Impasse



je me fais violence pour conserver, malgré mon humeur, ma voix d'encre. Aussi est-ce d'une plume à bec de bélier, sans cesse éteinte, sans cesse rallumée, ramassée, tendue et d'une haleine, que j'écris ceci, que j'oublie cela. Automate de la vanité. Sincèrement non. Nécessité de contrôler l'évidence, de la faire créature.



René Char



Feuillets d'Hypnos



Au réveil, elle est blonde tartinée. Je ne déteste pas cela, au contraire. Ce n'est pas sans me rappeler la Constance Hardy d'autrefois qui, même dans les matins gelés, portait la beauté en forme de croissant chaud. Pour mon compte, avec du café et des résolutions, je suis prêt à défier le monde. Je me sens capable de retrouver son légionnaire même sur la banquise. Elle s'amuse de cet enthousiasme matinal et juvénile.


- Et alors, monsieur le voyageur, de quel côté allons-nous déployer nos ailes ?


- Au village natal d'Ernest. Tout est parti de là. Aucun légionnaire n'échappe à cette malédiction d'être marqué au fer rouge par les souvenirs heureux d'un monde gentil qui s'est englouti.


- Mais, son village natal... C'est très loin !


- Je sais. Nous voyagerons. En avion, si vous préférez.


- Je préfère.


Voilà ; je me dérouille les jambes. Le goût de la course à fond les gaz me revient doucement. Oublié l'hôpital ! Et je ne suis pas mécontent de sortir de nos frontières pour mener un combat continental. De toute façon, Ory a beaucoup d'économies. Elle est disposée à dépenser son argent sans compter pour réussir son pari. J'appelle l'aéroport et je réserve deux places dans le prochain vol.

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